Le 18 septembre dernier, le ministre en charge des transports Frédéric Cuvillier lançait une conférence périodique pour relancer le transport de marchandises par fret ferroviaire. Cinq groupes de travail (action des acteurs locaux, grands ports maritimes, utilisation de l'infrastructure, …) composés des acteurs du secteur ont permis de "dégager de premières pistes concrètes" pour lever les freins au développement du fret ferroviaire, a indiqué le ministre ce jeudi 13 février.
Chute de la part modale du fret ferroviaire
La part modale du fret ferroviaire a en effet chuté au profit du transport routier. Entre 2000 et 2012, la part du fret dans le transport de marchandises est ainsi passée de 16,6% à 10%. C'est pourtant un mode de transport "plus écologique, plus sûr et pertinent sur de longues distances", a souligné le ministre. La libéralisation du marché fret "a morcelé les parts de marché des opérateurs", accusait en septembre dernier le syndicat Unsa-Transports.
Les groupes de travail se sont réunis entre septembre 2013 et le début de l'année 2014. A l'issue d'une seconde conférence tenue la veille avec les acteurs du secteur, Frédéric Cuvillier a annoncé huit mesures "concrètes et immédiates" provenant de leurs travaux pour donner "un nouveau souffle" au fret. "Mon but, ce n'est certainement pas d'annoncer de grands chiffres irréalistes, mais d'agir pour qu'on obtienne des résultats", a déclaré le ministre.
Des mesures "concrètes"
Ces mesures visent à développer le fret de proximité par l'expérimentation sur des territoires via des clusters (1) , "afin de faire émerger un modèle économique adapté aux besoins de l'économie locale". Le ministre a souhaité qu'une éventuelle régionalisation de l'écotaxe serve à financer une partie de ces projets.
Le fret ferroviaire "doit retrouver le chemin de la croissance des volumes et de la rentabilité" indiquait le réseau des chambres de commerce et d'industrie CCI France, lors de la première conférence. En lien avec les CCI, un observatoire national de la demande de transport de fret ferroviaire dans les territoires sera également créé. Des démarches de promotion du fret ferroviaire seront organisées régionalement. Un évènement annuel, dont la première édition est prévue début 2015, aura pour vocation de "faire se rencontrer l'offre et la demande".
Autre mesure prévue : améliorer la qualité, la disponibilité et la robustesse des sillons fret (temps de parcours, respect des horaires, disponibilité du réseau…). Un observatoire sur la performance des sillons sera piloté par Réseau ferré de France (RFF). Des objectifs chiffrés seront fixés "dans le cadre du prochain contrat de performance du gestionnaire d'infrastructure unifié qui sera créé par la réforme du système ferroviaire".
Le ministère veut également faire des grands ports maritimes "des acteurs centraux du fret ferroviaire". Des objectifs de développement du fret seront intégrés dans les projets stratégiques de chaque grand port maritime qui seront redéfinis en 2014.
Un groupe ad hoc interdisciplinaire sera également chargé de proposer sous six mois des mesures de "simplification réglementaire et normative" du réseau de proximité.
Le ministère prévoit notamment de mandater le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) pour étudier les dispositifs actuels de soutien du fret ferroviaire et proposer des évolutions permettant "d'optimiser la dépense publique". Le fret ferroviaire de la SNCF "n'a pas atteint l'équilibre budgétaire depuis 1998", indiquait en juillet 2013 un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD).
Dans un rapport paru en septembre 2010, le CGEDD préconisait d'agir en priorité sur le réseau existant (dégagement d'itinéraires alternatifs, voies de dégagement pour les trains de fret…). Parmi ses solutions pour relancer le fret figuraient le développement du transport combiné (fer-route et fer-fluvial), à moyen terme de l'interopérabilité entre réseaux européens et l'orientation vers des trains plus longs sur les grands axes, un ''gage immédiat de compétitivité accrue'', selon le CGEDD. Dans ce cadre, le 18 janvier 2014, la SNCF et RFF ont fait circuler un train de fret expérimental de 1.500 mètres (le double des trains de fret classiques) entre la région lyonnaise et Nîmes. Sa mise en service commerciale est prévue pour 2016. Le ministre mise sur ce type d'innovation.
Un comité de suivi des mesures, regroupant les acteurs concernés, sera installé par Frédéric Cuvillier.